La Formation continue en 2015

Formation DPC, Formation FIFPL … Trop de masseurs-kinésithérapeutes ne connaissent pas précisément les dispositifs qui existent pour leur permettre de continuer à se former au long de leur carrière professionnelle. Les ressources ne sont certes pas inépuisables, mais cela vaut la peine de les connaître et d’y puiser de temps en temps !

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Il existe d’une part le développement professionnel continu (DPC), un fonds mis en place au 1er janvier 2013 pour toutes les professions de santé, piloté en grande partie par des instances étatiques et un peu par les professionnels, et d’autre part le fonds interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIFPL), né il y a vingt ans, entièrement alimenté et géré par ces derniers, toutes professions confondues. FIFPL et DPC sont totalement indépendants et vous ne pouvez pas cumuler ces deux modes de financement pour un même stage. Créé par la loi HPST en 2009, le DPC donne l’obligation à tous les professionnels de santé, libéraux et salariés, de participer à un programme de DPC au moins une fois tous les trois ans (avant, cette obligation était annuelle, mais cela a changé avec la loi de santé qui devrait être votée cet automne). Un programme de DPC doit être mis en oeuvre par un organisme de DPC (association, entreprise, université, établissement de santé … ) et conforme à une orientation de santé publique nationale, fixée par le ministère de la Santé, ou régionale, établie par l’ARS. Il comporte au moins une des méthodes et modalités validées par la HAS : séminaire, congrès scientifique, e-learning, formation certifiante, bilan de compétences, groupe d’analyse de pratiques, programme d’éducation thérapeutique .. . (liste complète sur www.has-sante.fr). Il peut être présentiel, mixte ou non présentiel. Les formations FIFPL ne sont pas valables pour remplir votre obligation de DPC.

En général, un programme de DPC est spécifique à une profession. Mais il existe aussi des formations pluriprofessionnelles, et il n’est pas nécessaire d’exercer dans une maison de santé pour y participer. L’idée est de permettre à différentes professions de se rencontrer, de confronter leurs pratiques et de voir en quoi leurs actions sont complémentaires. Né en mars 1993, à l’initiative de l’Unapl, le FIFPL regroupe aujourd’hui une soixantaine d’organisations professionnelles, réparties en quatre sections : santé, juridique, cadre de vie et technique. Il est administré par trois organes : un conseil de gestion composé d’un représentant de chaque organisation professionnelle, les sections et un bureau, qui inclut le président de chaque section. Ce sont les syndicats qui choisissent les thèmes de formation pour leur profession. Chaque libéral (à l’exception des médecins, qui disposent de leur fonds de formation propre) verse une cotisation annuelle de 93 €, moyennant laquelle il peut bénéficier d’une prise en charge de 250 € par an pour différents types de formations, selon des thèmes établis. Environ 500 000 libéraux abondent ce fonds. Pour les formations en e-learning, la prise en charge formation FIFPL est limitée à 150 € par thème et 300 € par an et par professionnel. Par ailleurs, des fonds spécifiques sont disponibles pour la prise en charge des formations longues (par exemple l’ostéopathie pour les kinésithérapeutes), les validations des acquis de l’expérience, les bilans de compétences ou encore les formations de conversion, ainsi que pour des formations interprofessionnelles. Une équipe de 54 salariés gère plus de 100 000 dossiers et 126 000 stagiaires par an (chiffres 2014) des chiffres en hausse.

Une année charnière pour le DPC : l’enveloppe devrait permettre de tenir jusqu’en octobre

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On estime que 15 à 20% des masseurs-kinésithérapeutes se forment régulièrement, une ou plusieurs fois par an, en payant de leur poche ou en faisant appel au DPC ou au FIFPL. Le problème, c’est que ces deux dispositifs de financement montrent aujourd’hui leurs limites. 2015 est une année charnière où les professions les plus nombreuses (dont les masseurs kinésithérapeutes) sont arrivées au bout de leurs enveloppes. Le 22 avril dernier, le conseil de gestion de l’OGDPC, confronté à de sérieux problèmes de trésorerie, a annoncé pour 2015 un budget révisé à 166,7 millions d’euros. C’est moins qu’en 2014 ( 179 M €). En pratique, il y avait cette année de quoi former 13 885 masseurs kinésithérapeutes. L’enveloppe devrait nous permettre de tenir jusqu’en octobre, en raison de l’annulation à prévoir de certaines formations qui ne seront pas suffisamment remplies.À partir du moment où votre inscription est validée sur Internet, vous pouvez être sûr d’être pris en charge. En revanche, il n’est pas encore possible de s’inscrire pour un programme prévu en 2016. Cette situation était prévisible et les professionnels ont tiré le signal d’alarme dès le début. D’un côté, on encourage les professionnels à se former puisque c’est devenu une obligation légale, et de l’autre, aucune ligne budgétaire n’a été prévue par les tutelles, qui avaient pleinement conscience de ce qu’elles faisaient. On dispose d’une enveloppe contrainte et fermée, allouée par le ministère de la Santé, insuffisante pour former tout le monde. Malgré les apparences de concertation, le choix des thèmes et orientations du DPC nous est imposé, dans les grandes. En termes de délais, il faut craindre que les textes ne soient rédigés au mois d’août et ne sortent qu’en fin d’année, ce qui obligera les professionnels et les organismes de DPC à s’organiser en urgence pour 2016: Et surtout, la loi de santé ne répond pas au problème n°l: le montant alloué pour former toute la profession. Même en passant à une obligation triennale, le budget reste insuffisant. Par ailleurs, le ministère se décharge du financement d’une très lourde tâche: l’agrément des organismes de DPC, qui est confié aux collèges professionnels. Qui paiera l’addition? Les professionnels ! Dommage que ce texte s’appuie sur un rapport Igas totalement biaisé, pour lequel les représentants des paramédicaux n’ont pas été entendus, malgré leur demande. L’OGDPC deviendra l’Agence nationale du DPC. La gouvernance restera paritaire, mais avec une voix prépondérante pour les tutelles. Le retour à une gestion mono-catégorielle serait de rigueur, comme au temps de la FCC, un système qui était optimisé de manière remarquable, redonnant un rôle plus important aux syndicats, car seuls leurs représentants connaissent le terrain et les attentes des professionnels. Et pour financer les formations pluriprofessionnelles, il suffirait de créer une enveloppe indépendante, gérée de façon paritaire. Il serait également indispensable de contrôler la qualité des formations, en amont par une clarification des thèmes choisis et en aval par un suivi des évaluations des stagiaires et de l’impact de chaque formation sur les pratiques professionnelles. Tout le monde est d’accord sur le fait que certains organismes sont agréés DPC grâce à un programme vitrine et qu’ils en proposent d’autres qui n’ont pas grand-chose à voir avec le coeur de métier des professions.

Le FIFPL victime de son succès

fifpl-formation

Du côté du FIFPL, la problématique est différente. Depuis plusieurs années, la priorité était d’élargir les thèmes de prise en charge de manière à intéresser un nombre croissant de professionnels et répondre au maximum de demandes, moyennant une augmentation de la cotisation en 2012. En 2014, le conseil de gestion a anticipé ·certaines évolutions du code du travail en créant de nouveaux fonds de formation dédiés à la VAE, aux formations longues, aux DU, etc. Victimes de leur succès, ces fonds ont vu le nombre global de dossiers de prise en charge s’envoler, ce qui a conduit le conseil de gestion à revoir, au début du mois, le niveau de prise en charge – qui reste malgré tout intéressant. En 2015, les recettes seront de 55,7 M€. Le 11 juin, confronté à un afflux massif de dossiers de demande de prise en charge, le conseil de gestion a décidé qu’il fallait diminuer les enveloppes budgétaires mises à disposition des professionnels pour 2015, afin d’éviter une rupture de fonds et un déficit de dix millions d’euros en fin d’année. Les forfaits ont donc été diminués de 30 %, ce qui représente environ 9,5 M € d’économies potentielles. Concrètement, un masseur-kinésithérapeute dispose d’une enveloppe de 525 € pour l’année (2 000 € max. pour les formations longues), au lieu de 1 000 € (3 000 € pour les formations longues). Il pourra être indemnisé à hauteur de 175 € par jour, au lieu des 250 € initialement prévus.

Cette décision est valable pour les six mois qui restent. Les dossiers engagés avant le 15 juin ne seront pas impactés. Pour 2016, on verra. Les représentants de la FFMKR auraient préféré un autre scénario, qui réduisait aussi de 30 % le montant de la prise en charge journalière mais laissait tout de même une enveloppe annuelle de 700 € à chaque professionnel (7 M € d’économies potentielles). Mais cette option n’a pas été retenue. Par ailleurs, pour plus d’efficacité, à partir du 1er septembre, la procédure de demande de prise en charge est dématérialisée (via www.fifpl.fr). Moins de paperasse, c’est moins de risque qu’une pièce s’égare et un délai raccourci pour traiter une demande de prise en charge et pour que les fonds arrivent sur le compte du professionnel.

Se former reste un devoir moral

Il est regrettable que le passage à une obligation triennale de DPC ait envoyé un signal négatif et provoqué un certain relâchement chez les professionnels. Les organismes de formation essaient de s’adapter en permanence aux évolutions du DPC et du FIFPL. L’INK a élargi ses thèmes de formation, leur nombre et la répartition géographique des stages pour en faciliter l’accès aux professionnels. Il faut donc dire à tous que ceux qui souhaitent améliorer leurs pratiques par la formation continue qu’ils peuvent compter sur les organismes de formation avec de l’expérience. La formation est indispensable, elle permet aux professionnels d’évaluer leurs connaissances et leurs pratiques, d’adapter leurs soins aux nouvelles données scientifiques, afin d’améliorer la prise en charge des patients, mais aussi d’échanger avec des confrères. Et si la responsabilité professionnelle est engagée (c’est rare, mais cela arrive), la formation peut éviter de se trouver en situation d’insuffisance professionnelle. C’est un moment d’échanges privilégiés avec les confrères, pour nous, kinésithérapeutes qui sommes souvent centrés sur notre exercice individuel. Un sentiment largement partagé chez les libéraux, comme le prouvent ces réflexions entendues lors de la Convention du FIFPL, le 11 juin à Paris : « La formation est l’un des piliers de notre valeur ajoutée. Il est de notre devoir de continuer à nous former » a déclaré Michel Chassang, médecin de formation et président de l’Unapl. « C’est le combat pour l’excellence. C’est un impératif », a acquiescé Louis-Georges Barret, avocat et président de la section juridique. •

Par Sophie Conrad

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